La scène aux ados: « Être sur scène nous fait nous sentir vivantes! »
Nous sommes en février 2024, sur la scène de l’Auditorium Abel Dubois, à Mons. Une vague d’énergie déferle depuis le plateau et submerge tous les jeunes rassemblés pour le «Work in Progress» de La scène aux ados. Les rhétos de l’École Secondaire Plurielle Maritime, venus de Molenbeek-Saint-Jean, viennent de mettre tout le monde dans leur poche avec leur vision de la pièce Suspect d’Aude Biren. Samya et Israe nous font vivre l’aventure de l’intérieur, avec un dialogue qui fait battre le cœur du théâtre… et le nôtre!
Par Israe et Samya
Bonjour à toutes et tous! Nous sommes Israe et Samya, deux élèves de 6e de l’École Secondaire Plurielle Maritime, située dans la commune de Molenbeek-Saint-Jean. Grâce à notre option et à notre professeure de théâtre, Madame Stéphanie Menga, nous avons eu l’opportunité avec notre groupe de participer au projet La scène aux ados, en montant la pièce Suspect d’Aude Biren et en jouant quelques scènes devant d’autres écoles dans la ville de Mons lors du «Work In Progress» qui a eu lieu le mercredi 14 février 2024.
Pour vous partager cette expérience et l’importance que le théâtre recèle pour nous, l’idée nous est venue de vous livrer un article sous forme de dialogue, une conversation entre amies, sans prise de tête, afin d’installer une proximité avec celles et ceux qui nous liront et donner l’impression que vous aussi êtes membres de cette discussion!
Nous sommes très contentes d’avoir eu l’opportunité d’écrire cet article et de pouvoir nous adresser à d’autres personnes partageant cette passion pour le théâtre ou même l’art de façon plus générale. En espérant que vous puissiez vous aussi ressentir l’importance que nous y accordons à travers cette conversation.
Bonne lecture!
Samya – Le «Work In Progress» était vraiment génial! Je ne pensais pas qu’il y allait y avoir autant de jeunes.
Israe – Mais oui! J’ai l’impression que de plus en plus de jeunes s’intéressent au monde du théâtre. Y a qu’à voir notre option: on est quand même 18! Je suis vraiment contente d’avoir choisi cette option en arrivant à l’école. Jusque-là, j’avais toujours fait que de l’informatique…
Samya – Et d’ailleurs, Israe, tes parents, ils en pensent quoi? Du fait qu’on ait pu partir à Mons pour le «Work In Progress» pour monter sur scène une première fois cette année et montrer l’avancement de notre interprétation et réadaptation de la pièce Suspect? Il faut quand même dire que c’est vraiment trop bien de se rendre dans une autre ville pour ce genre d’événement.
Israe – Oui! Et on a même pu rencontrer l’autrice de Suspect, Aude Biren, et discuter avec elle! Mais pour répondre à ta question, honnêtement, la première fois que j’ai annoncé que j’avais choisi de prendre l’option théâtre, mes parents ont été pas mal réticents, je pense qu’ils avaient peur que je veuille en faire un choix de carrière – une crainte peut-être liée à l’instabilité des métiers artistiques. Mais aujourd’hui, ils me soutiennent à fond et me demandent même la date de mes spectacles. Et oui, c’est vraiment trop chouette qu’on puisse quitter Bruxelles et aller dans une autre ville pour voir d’autres jeunes qui participent au projet La scène aux ados comme nous! Là on peut clairement dire qu’on dépasse les murs de l’école! Et toi, tes parents, ils n’ont pas trop d’a priori?
Samya – Pour ma part, ils ont été contents depuis le début et ils le sont maintenant aussi! Ils trouvent ça incroyable. Le projet La scène aux ados nous offre vraiment beaucoup d’opportunités. On a rencontré d’autre jeunes qui font du théâtre et on va pouvoir jouer à Charleroi au mois de mai au théâtre de l’Eden!
Israe – Oh oui, ce projet nous aura vraiment permis de partir dans deux villes différentes et de découvrir d’autres lieux. Mais, au fait, Samya, tu fais du théâtre depuis longtemps, toi, non?
Samya – Oui, je fais du théâtre depuis 9 ans maintenant. Pour moi, le théâtre, c’est un art où l’on s’exprime, où l’on vient défendre quelque chose tout en devenant quelqu’un d’autre. Le théâtre, c’est se détacher de soi et s’ouvrir aux autres. C’est monter sur un plateau, sur une scène et faire entendre sa voix à des gens. C’est faire émerger des émotions chez un public, que ce soit de la joie, de la tristesse, du rire,… La sensation d’être sur scène et de parler ou simplement de faire acte de présence est indescriptible. C’est vraiment une sensation agréable où mon cerveau se déconnecte complétement de la réalité. Être sur scène me fait me sentir vivante. Le théâtre est lui-même un art vivant.
Israe – Je partage le même avis que toi, Samya. Je pense que le théâtre me permet principalement d’incarner des parties de ma personne que je ne montrerais peut-être jamais. Je pense que j’en avais vraiment besoin, de cette option. Même si je penche plus vers des études en biomédical pour ma vie future, ça reste une passion que je veux continuer d’alimenter.
Samya – C’est vraiment une chance d’avoir l’option théâtre à l’Ecole Secondaire Plurielle Maritime.
Israe – Totalement! Je ne regretterais jamais le choix d’avoir suivi cette option, sachant que dans mon ancienne école elle n’y était pas. Ce n’est qu’en 5e secondaire, quand je suis arrivée ici, que j’ai enfin pu suivre cette passion! Et on peut en plus montrer que nos quartiers sont bondés de jeunes pleins de talents et d’ambitions.
Samya – Oui, c’est vrai. Et en parlant de l’option théâtre, comment tu trouves notre groupe?
Israe – Quand on joue les pièces, c’est vraiment incroyable. Mais en répétition, c’est quand même plus compliqué… On est tous très différents, mais le fait de jouer des scènes ensemble permet quand même de nous souder. Au final, c’est nous tous qui passons devant le public. Et je pense qu’on ressent encore plus cette solidarité à la fin des spectacles, quand on se dit qu’on a vraiment tous fait du bon travail.
Samya – Je suis d’accord avec toi. Il faut quand même rappeler que l’on est 18 élèves et c’est vraiment beaucoup pour une option théâtre. Ce n’est pas toujours facile d’être aussi nombreux. Au début, c’était encore plus compliqué. Il a fallu qu’on s’adapte, qu’on laisse à tout le monde le temps de s’intégrer, de se sentir à l’aise,… On avait installé un «cadre de sécurité», je ne sais pas si tu t’en rappelles?
Israe – Oui je m’en souviens! «Respecter la parole, NE PAS PARLER quand un groupe joue, etc…» Je pense qu’on a tous su s’adapter à un moment. La dynamique est vraiment cool, tout le monde se donne à fond tout le temps. Et surtout, on n’a pas de soucis à jouer les uns avec les autres. Mais bon, c’est vrai que parfois, en cours, c’est compliqué vu qu’on est nombreux. Mais on est tous emballés par l’idée de participer à ce projet, ça c’est sûr!
Samya – C’est une fierté pour notre école de participer au projet La scène aux ados. On représente en quelques sortes les jeunes de Molenbeek! Mais dis-moi, comment est-ce que tu as pu devenir aussi à l’aise sur scène en si peu de temps?
Israe – Honnêtement, je pense que l’on se moque plus de toi quand tu ne te mets pas à fond dans un rôle que quand tu le joues pleinement. De toute façon, ce n’est qu’un rôle, si tu te mets complètement dans la peau du personnage, les gens savent que ça ne reste qu’un PERSONNAGE. Si quelque chose est gênant, c’est que TON PERSONNAGE est gênant, pas toi.
Samya – C’est vrai que vu comme ça, on a moins peur du regard des autres.
Israe – Haha! Ça aide pas mal effectivement. Bon je pense qu’on doit y aller là, avant que le train ne parte sans nous!
Samya – Allez on y va!
Retrouvez Samya et Israe sur la scène de l’Eden de Charleroi, le 28 mai prochain, avec leur classe de 6e de l’École Secondaire Plurielle Maritime (Molenbeek-Saint-Jean). Le groupe joue Suspect d’Aude Biren dans le cadre de La scène aux ados.
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