Un Prix «Quartz» pour un de nos projets PECA: «Ce genre d’expérience est essentiel dans l’enseignement, il faut se réinventer!»

La vie de nos projets PECA Transdisciplinaire
22 mai 2024 · Laurent Ancion

C’est une très belle histoire: deux classes de 5e secondaire spécialisées en nursing et en aide-pharmacie ont décroché le Prix «Quartz pédagogique» pour les clips qu’elles ont réalisés dans le cadre du PECA, avec le soutien d’ITHAC. «L’école, dans son système et aussi dans la tête des élèves, c’est avant tout des points. Ici, grâce au jeu, au défi, on fait appel à de tout autres compétences», commente Marie-Noëlle Taymans, prof de français et cheville-ouvrière de l’aventure. Belle occasion de scruter un «Parcours d’Éducation Culturelle et Artistique»… de l’intérieur!

 

Par Laurent Ancion

Youhouuu! Ce mercredi, au Marni, l’un de nos projets PECA a reçu le Prix «Quartz pédagogique» de la Fédération Wallonie-Bruxelles! «On ne s’y attendait pas du tout!» s’exclament les deux classes de 5e secondaire (aspirant·e nursing, aide-familiale, puériculture et assistant·e pharmacie) du Centre Éducatif de la Sainte-Union de Tournai, engagées dans une aventure loin de leurs sentiers battus: réaliser des clips vidéos autour des compositions de l’artiste Coralien! L’idée, visiblement, a fait mouche auprès du jury de ce concours biennal organisé par le Service PECA de l’Administration Générale de la Culture, en partenariat avec le Service des Musiques non classiques du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

«Coralien est venu en classe, on a eu l’occasion de l’interviewer et de découvrir ce que signifie en vrai une vie d’artiste», nous explique Joséphine, dont le clip en noir et blanc vient de happer la salle. «J’aime tout ce qui est montage, mais j’ai appris énormément au fil du projet», poursuit celle qui se rêve institutrice maternelle. «Grâce à ITHAC, on a pu travailler avec le réalisateur Gaëtan D’Agostino, qui nous a bien secoués! Au départ, on était très illustratifs dans nos images. Il nous a conseillé d’oublier le «bien faire» et de laisser parler nos imaginations. Ça a fonctionné apparemment!»

Sur la scène du Marni, à Bruxelles, le Prix « Quartz pédagogique » pour deux 5es secondaires du Centre Educatif de la Sainte-Union de Tournai.

«Gaëtan nous a mis en confiance pour découvrir le travail de l’image», poursuit-elle avec Clara, Mélina et Emma. «Petit à petit, on s’est prises au jeu et c’était magique. Il nous invités à prendre plus de temps pour approfondir une intention, à varier les valeurs de plans, à faire des contrastes, à suggérer plus de poésie. Chacun y a trouvé sa place, devant ou derrière la caméra.» Leur seul regret? «Qu’il n’ait pas eu plus de séances avec lui! On aurait pu aller plus loin encore.»

Un «Quartz pédagogique», voilà qui rend certainement heureuse l’architecte de tout cela? «C’est surtout le chemin qui compte! Mais la récompense fait plaisir bien sûr», commente Marie-Noëlle Taymans, leur prof de français, moteur de l’aventure. C’est elle qui est venue vers ITHAC pour équiper son rêve de réalisation. «Ce genre de projet est essentiel dans l’enseignement, il faut se réinventer!», insiste-t-elle. «J’aime explorer des choses nouvelles, apprendre, comme les élèves. À chaque fois, on part d’assez bas, tous n’y croient pas. Puis on s’élève ensemble. C’est un peu grisant et ça met de la vie dans la classe.» En invitant à la créativité, le PECA donne aussi une autre couleur aux apprentissages. «L’école, dans son système et aussi dans la tête des élèves, c’est avant tout des points. À l’unif, on ne m’a d’ailleurs appris que ça: la rigueur. Ici, grâce au jeu, au défi, on fait appel à de tout autres compétences – qui font aussi partie du programme! Et en plus, on arrive à la rigueur: ne pas s’arrêter à la première idée qui vient, travailler le sens figuré, comprendre la subtilité d’un énoncé poétique,… J’ai construit tout mon cours là-dessus!»

Coralien en concert, lors de la remise des Quartz, sur la scène du Marni.

Le réalisateur Gaëtan D’Agostino abonde: «Au début, les élèves perçoivent le projet comme ils abordent un devoir: ils ne voient pas ça comme quelque chose de personnel. Dans leur chef, il s’agit de «bien faire», pour «avoir les points». C’est vrai qu’habituellement, à l’école, si tu fais les choses différemment des autres, tu es plutôt sanctionné. Ici, justement, il s’agit de s’ouvrir à d’autres modes de pensée et d’apprendre à trouver un langage autre que celui «attendu». Le défi – et le plaisir –, c’est de réussir à ce que chacun et chacune accepte qu’il et elle a un regard personnel sur les choses – et que cela peut être représenté en images.»

Un extrait du clip réalisé avec Gaëtan D’Agostino par le Centre Educatif de la Sainte-Union.

Gaëtan D’Agostino multiplie ce genre d’ateliers à travers la Fédération Wallonie-Bruxelles, depuis des années. «Je pense que je n’ai tellement pas eu accès à cela quand j’étais gamin, puis que ma vie a tellement changé quand j’ai touché à l’artistique, que j’ai envie de partager cela. Et je pars toujours de ce que les élèves ont envie de faire… même si ça fait parfois peur aux profs!»

Sur la scène du Marni, les élèves du Centre Éducatif de la Sainte-Union semblent vibrer au diapason. «Merci», disent-ils. «Merci pour cette opportunité qui nous a été donnée de faire cours autrement, de découvrir le travail de deux artistes et d’exploiter notre imagination. On s’est rendu compte que ça demande du temps, de l’effort et de l’envie. Et ça c’était bon pour combattre notre petite flemme et nous donner la flamme. Ce projet nous a amenés à sortir des sentiers battus. C’est à faire et à refaire! »

Auteur·ice : Laurent Ancion

Passionné d’art sous toutes ses formes et sous toutes ses coutures, Laurent Ancion a trouvé dans le champ de l’écriture journalistique l’endroit rêvé pour chercher, questionner, rencontrer, réfléchir, analyser et raconter les arts de la scène. Après quinze ans consacrés à la critique théâtrale quotidienne au journal Le Soir, il mène aujourd’hui sa recherche sur un format plus long: le livre de réflexion, dont il cherche avant tout à privilégier la forme joyeuse plutôt que l’assommoir. Laurent est également professeur aux conservatoires de Mons et de Bruxelles, et poursuit en parallèle ses aventures musicales au piano (album « Tout au bord »). Il est chargé de communication et de projets auprès d’ITHAC.

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