Talents croisés: « Découvrir des facettes de soi dont on ignorait tout »

Avec Talents croisés, les jeunes plongent au cœur d’une création théâtrale «pro», en compagnie des artistes qui la portent. Ensemble, ils et elles créent une forme nouvelle. La compagnie Les Plakardées a invité les élèves du Collège da Vinci de Perwez dans les chaudrons de son futur spectacle Notre voisine la rue. Marine et Anysia nous dévoilent les coulisses de ces ateliers parfaitement libérateurs!

 

Par Marine et Anysia

 

Créer une «machine infernale» à partir d’élèves produisant des bruits étranges et mimant des choses incongrues: un seau qui se renverse et éclabousse tout, une voiture qui prend des gens en stop, chanter en chœur une mélodie improvisée de A à Z, former une «bande de poissons» qui reproduisent la chorégraphie d’un meneur,…

Tels sont les exercices auxquels la troupe de théâtre Les Plakardées ont soumis une classe de rhétoriciens du collège Da Vinci de Perwez. Nous en avons bien bavé avec leurs propositions qui nous glissent dans des situations délicates, inspirées de la création sur laquelle la troupe travaille actuellement, titrée Notre voisine la rue. Mais tout ça… dans quel but?

La compagnie Les Plakardées a plongé les élèves du Collège da Vinci de Perwez dans les chaudrons de son futur spectacle « Notre voisine la rue ».
La rencontre: un sujet qui fait boom

La troupe de théâtre nous a invité·e·s à monter, ensemble, un spectacle sur le thème de la rencontre. À travers les ateliers, nous avons échangé nos points de vue, expérimenté des scènes d’improvisation, raconté des expériences de rencontres qui nous ont marqué·e·s.

Nous avons très vite remarqué la richesse de ce sujet. Il existe en effet différentes manières d’établir une rencontre. Nous avons donc décidé d’explorer chacune d’entre elles: les amis, les ennemis, les amourettes de vacances, les passants qui nous esquissent un sourire lorsque notre regard rencontre le leur,… Peu importe la durée, la distance, que nous connaissions tout de l’autre ou que nous le rencontrions pour la première fois, les gens prennent une place importante au sein de notre existence.

«La vie est composée de rencontres. Il y a des rencontres qui nous marquent et qui nous construisent», comme le décrit si bien notre professeure, Madame Judith Quaghebeur. Elle souligne l’importance de prendre le temps de contempler les rencontres que nous nous créons durant cette vie: «Les humains ne font pas souvent arrêt sur image.»

Or, pendant les séances d’atelier, nous prenons conscience de la place de chacun, nous devons rester connecté·e·s, nous sommes obligé·e·s de nous arrêter sur les autres. Nous découvrons alors réellement les personnes de notre classe et celles de la troupe. Au fur et à mesure de ces exercices, nous découvrons également une personne importante, que nous connaissons parfois très mal: nous-mêmes.

Les Plakardées nous proposent aussi de participer à des activités qui nous plongent en introspection, qui nous font découvrir des parties de notre personnalité dont nous n’avions pas encore la connaissance.

Par exemple, un de ces exercices consistait à se faire passer pour une star! Une partie de la salle est dédiée à la «scène», où la star défile seule, et l’autre, au public. Ce dernier acclame la star avec frénésie dès qu’elle se présente sur scène. Bien qu’il s’agisse là d’un exercice déstabilisant, l’élève ou autrement dit, la star, ressent de la confiance en elle. Nous sommes, pour une fois, confronté·e·s aux autres de manière positive, ce qui renforce notre estime de soi, enfouie au plus profond de notre être.

Les bienfaits du projet

Nous avons demandé ce que chacun·e pensait du projet. Ils et elles ont répondu à une question qui nous semblait à la fois simple et très importante: «Que vous apporte le projet?»

Nous trouvions intéressant d’interroger Vik, une artiste des Plakardées. «Ça me permet de grandir seule et avec le groupe. J’apporte ma propre épice à la grande soupe qu’est le projet. Mais pour que la recette fonctionne, tout le monde doit s’écouter et prendre confiance. Alors, je trouve ça super gratifiant de donner des méthodes pour pouvoir créer ensemble et que les jeunes les appliquent par après», nous a-t-elle confié.

« Au fur et à mesure des exercices, nous découvrons une personne importante, que nous connaissons parfois très mal: nous-mêmes. »

Une autre artiste qui nous accompagnait, Fanny, illustre bien le besoin de s’extirper de la notion de «honte» ou de «gêne»: «Ce travail, même s’il m’apporte beaucoup personnellement, c’est surtout vous, les jeunes, qui le vivez. Ça vous permet d’enlever les couches de paraitre, de vous libérer des codes, des injonctions. Surtout que dans un cadre scolaire, on doit souvent porter un masque, bien se présenter… Au fond, l’essentiel, c’est que vous preniez conscience que c’est possible d’être soi-même!»

Enfin, écoutons les avis des élèves…

Louise témoigne: «J’ai plus confiance en moi, j’en découvre plus et je réalise que le ridicule ne tue pas.» Flavie enchaine: «On est tous dans le même bateau, on se retrouve à faire des choses vraiment étranges mais ça nous ouvre l’esprit. Je connais des facettes de moi dont j’ignorais l’existence ou que je feignais d’ignorer car ça me fait peur de les exposer au grand jour.»

À la fin de chaque séance, la classe se sent apaisée. La météo s’éclaircit, les sourires se dessinent et chacun·e repart plus serein·e.

La honte et la jeunesse

À force de s’éloigner du réel, notre jeunesse oublie la beauté du monde dans lequel on vit. Nous sommes constamment confronté·e·s aux regards des autres ou à celui que nous posons sur nous-mêmes. La culture de la comparaison («L’autre a une meilleure vie que la mienne»), omniprésente, dans cette génération, hypnotisée par les réseaux sociaux, renforce la peur de s’ouvrir à l’autre, à l’inconnu. Dans cette ambiance pesante, qui ne se concentre que sur la bonne image que l’on renvoie de soi-même, nous avons cruellement besoin de casser les codes.

Autre projet « Talents croisés »: l’IATA de Namur collabore avec la Cie du Chien qui Tousse et la Cie des Bretteurs à Gages.

Dans ces ateliers, nous ne savons pas où nous allons, nous ne sommes sûr·e·s de rien, nous nous plions à des exercices qui sont «gênants», qui révèlent nos insécurités. Tout ça dans le but de créer quelque chose, et de le créer ensemble. S’ouvrir aux autres, c’est l’accepter tel·le qu’il/elle est, écouter ses gestes, observer ses paroles. Lorsque nous prenons le temps de franchir cette barrière du ridicule, c’est là que nous profitons pleinement de la richesse des autres, de soi-même, du monde.

C’est la raison pour laquelle ITHAC a créé le projet Talents croisés qui associe les jeunes et l’art de se donner en spectacle!

Envie de rejoindre Talents croisés avec votre classe ou votre compagnie? Pour tout savoir sur le projet, c’est par ici!

Je veux participer à Talents croisés!

Pour tout savoir, cliquez vite ici!

Talents croisés