Loup: « On a tous de la créativité en nous »

La vie de nos projets Opération Jeunesse Portrait
14 juillet 2023 · Laurent Ancion

Entre sa passion pour les super-héros, ses projets de botanique (il fait pousser des plantes de toutes sortes) et ses trois poules (dont l’une s’appelle Venom, comme le méchant dans Spider-Man), Loup, 13 ans, n’a guère le temps de s’ennuyer les mercredis après-midi. Pourtant, comme Sarah, Tiago, Khadija, Océane, Ilyana et bien d’autres, il a rejoint « Opération Jeunesse » la saison dernière. L’heure des bilans, par un spécialiste!

Propos recueillis par Laurent Ancion

 

Laurent – Qu’est-ce que tu aimes le plus faire dans la vie?

Loup – Je dirais soit dessiner, soit colorier – et peindre, mais juste un peu. Par exemple, j’ai customisé le boîtier de mes écouteurs aux couleurs d’Iron Man, en rouge, doré et bleu. Sur la coque de mon téléphone, j’ai peint un gantelet d’infinité. C’est un outil créé par les forgerons de Thanos, un Titan dans Marvel. Le gant est en métal, orné de 6 pierres qui ont des pouvoirs spéciaux. Je n’ai pas peint tous les détails: c’est une main dorée avec les pierres aux bonnes couleurs.

Tu aimes l’univers des super-héros?

Oui, j’aime beaucoup les univers de Marvel, avec Spider-Man par exemple, et de DC Comics, avec Batman notamment. Je regarde les films, les séries, je lis des mangas, j’adore les jeux vidéo. Là par exemple, avant ton appel, j’étais en train de jouer à Spider-Man, j’essayais de battre Tombstone, l’un de ses ennemis. Mais c’est dur: on a versé sur lui des produits chimiques qui font que les coups et les balles ne pénètrent pas.

Loup, durant la saynète écrite avec le groupe.

D’habitude, le mercredi après-midi, que fais-tu?

Je rentre de l’école soit en bus, soit ma mamy vient me chercher. Ensuite, comme ma maman travaille, je suis très autonome: je me fais des œufs aux lardons, une omelette, un œuf au plat,… Enfin toujours des œufs, parce qu’on a 3 poupoules. Je les nourris en après-midi, elles me reconnaissent dès que j’ouvre la porte du jardin et arrivent en courant. Je leur parle et je les caresse. C’est la maison des animaux ici! On a un chat, un hamster qui s’appelle Marie-Antoinette et 3 chiens. Là, je suis occupé à papouiller Moera, un chiwawa toy.

Tu travailles aussi pour l’école?

Oui, j’étudie environ 30 minutes. Je n’y vais pas au talent, et vu que j’écoute en classe, ça se passe bien. Je crois qu’on avait dit à ma maman qu’il faut crier sur les enfants pour qu’ils étudient. Mais avec moi, elle n’a même pas besoin de se donner cette peine!

Tu as déjà fort à faire le mercredi! Comment as-tu choisi de rejoindre le projet « Opération Jeunesse »?

C’était le début de l’année scolaire et Tiago, qui est un vieux copain depuis les primaires, m’a demandé plusieurs fois de l’y rejoindre. « Allez, on fait quasi rien le mercredi, on va bien s’amuser, on va rigoler. Et on va dessiner! » Il avait dit le mot magique! J’en ai parlé à ma maman: « Il y a un ami qui veut que rejoigne son groupe de théâtre et de dessin », j’ai dit. « Ah chouette! Et combien ça coûte? », elle m’a demandé. « C’est complètement gratuit et c’est de 14h30 à 16h30 tous les mercredis », j’ai répondu. Alors elle a dit: « OK! » C’est le père de Tiago qui m’a conduit la première fois, puis le reste de l’année je suis venu seul à pied, j’habite à 3 minutes de la place de La Hestre!

Séance d’entraînement au « spray art » pour les « Ados ARTistes ».

Qu’est-ce qui t’a accroché au projet?

J’y vais parce que ça m’amuse. Ça m’occupe de façon joyeuse. J’ai bien aimé les propositions différentes qu’on nous a faites: dessiner, écrire une petite scène, la répéter, la jouer devant d’autres jeunes, et puis surtout la fresque. Le véritable « plus », c’est de faire tout ça avec d’autres personnes. On apprend à se connaître, ce sont des gens tous chouettes que je n’aurais jamais rencontrés autrement.

Qu’avez-vous voulu dire avec la fresque que vous avez réalisée?

C’est le résultat combiné de plusieurs dessins qu’on a faits suite au choix de thèmes, qui étaient libres. Le groupe a souhaité parler de l’entraide, et de tout ce qui la freine. Nos images dénoncent le racisme et l’homophobie. Personnellement, j’ai décidé de dessiner différentes émotions: la joie avec de petite lignes jaunes, la peur avec un personnage au visage mauve, la colère avec une tête rouge flamme,… Au départ, on voulait faire réagir les spectateurs. Mais on a surtout trouvé l’occasion d’exprimer des idées qui comptent pour nous. C’est déjà ça!

Vous avez rebaptisé « Opération Jeunesse » en « Ados ARTistes », comment ça s’est passé?

Les animatrices nous ont proposé de choisir un nom de groupe. C’est vrai que, personnellement, je n’aimais pas trop « Opération Jeunesse ». C’est un nom qui me fait penser au film Spy Kids: « On est des enfants et on veut faire des trucs d’adultes! » J’ai proposé « Ados ARTistes ». Ainsi, il n’y a pas le mot « jeunesse » qui fait enfantin. « Ados », c’est objectif, puisqu’on est âgés de 12 à 16 ans. Et « artistes », je me disais que tout le monde l’est un peu. On a tous montré un jour un dessin à notre papa ou à notre maman qui ont fait « Waow », même s’ils ne le pensaient pas vraiment! On a tous de la créativité en nous, et c’est ça qu’ »Ados ARTistes » veut dire.

Est-ce que tu recommencerais l’aventure?

Bien sûr. Si quelqu’un veut rencontrer de nouvelles personnes, s’exprimer et partager des opinions qui font réagir, je conseille « Ados ARTistes » à tous les ados. Tout le monde a envie de s’exprimer, de rencontrer de nouvelles personnes, de dessiner, d’inventer. C’est ouvert! Je ne regrette pas du tout de m’être laissé convaincre!

Auteur·ice : Laurent Ancion

Passionné d’art sous toutes ses formes et sous toutes ses coutures, Laurent Ancion a trouvé dans le champ de l’écriture journalistique l’endroit rêvé pour chercher, questionner, rencontrer, réfléchir, analyser et raconter les arts de la scène. Après quinze ans consacrés à la critique théâtrale quotidienne au journal Le Soir, il mène aujourd’hui sa recherche sur un format plus long: le livre de réflexion, dont il cherche avant tout à privilégier la forme joyeuse plutôt que l’assommoir. Laurent est également professeur aux conservatoires de Mons et de Bruxelles, et poursuit en parallèle ses aventures musicales au piano (album « Tout au bord »). Il est chargé de communication et de projets auprès d’ITHAC.