« Le théâtre nous donne des ailes »

Propos recueillis par Laurent Ancion

Tu as fait du théâtre tout au long du secondaire. Qu’en retiens-tu?

Pol De Vriese – Pour moi, le théâtre a transformé mon secondaire. Je voyais mes copains se traîner vers leur option: « Oh lala, encore maths », etc. Ils s’étonnaient qu’on soit prêts à revenir le soir ou le week-end pour nos cours d’Arts d’expression! Mais justement, c’est une option qui forge le groupe. On est tous unis pour un projet commun. On ne laisse personne derrière. Et cette motivation se transmet aux autres matières scolaires. Je me rappelle notamment d’un bilan de maths qu’on devait passer le lendemain d’une représentation de La scène aux ados. C’était terrible, on stressait doublement, pour le spectacle du jour et pour l’examen du lendemain. Je me souviens qu’on a sorti nos fardes tous ensemble, on étudiait pendant les pauses. Cette entraide résume pour moi l’incroyable intensité de l’aventure.

De quoi naît cette intensité selon toi?

La scène aux ados nous aide à sortir de nos habitudes. On plonge à 1000% dans des textes qu’on n’aurait jamais même pensé lire au départ. En 4^e, on a monté Le féminisme expliqué aux parents (et à l’auteur de la pièce) de Luc Malghem. Cela a donné lieu à une exploration des luttes féministes et de leur actualité. Aborder des sujets politiques renforce et encourage ta capacité critique. Et puis La scène aux ados, c’est aussi jouer ailleurs qu’à l’école, devant d’autres publics que nos familles, face à d’autres classes. On n’a pas envie d’être ridicules devant les autres, alors on a envie de proposer le mieux de ce qu’on peut faire!

Continues-tu à être porté par ces découvertes?

Oui, je pense que ce type d’aventure, qui laisse libre cours à l’imagination, continue à te porter bien après. Avoir la parole est extrêmement motivant. Et c’est aussi une responsabilité, avec des bénéfices évidents: apprendre à s’exprimer clairement, prendre position, donner son avis, faire des critiques positives, oser s’appuyer sur son imaginaire, voir le meilleur dans les essais de chacun.

Tu t’en souviendras comme instituteur? Peut-on développer tout cela en primaire?

Je ferai plus que m’en souvenir: j’y pense déjà! Au départ, je voulais étudier le théâtre mais mes parents m’ont conseillé un régendat, ils craignaient un peu l’avenir artistique en temps de covid. Pour moi, être instituteur, c’est être devant un petit public! Et surtout, faire du théâtre avec les plus petits, explorer comment parler devant la classe, créer des décors, mettre en scène des textes, je dirais que c’est « encore plus important » qu’avec des élèves plus âgés – entendez qu’il n’y a pas d’âge pour s’épanouir en théâtre! La créativité des enfants de primaire est géniale. Et ils prennent confiance en eux. Je reprends d’ailleurs des exercices que je faisais à l’école.