Une « Zone » aux accents du monde entier

La scène aux ados La vie de nos projets
30 novembre 2021 · Laurent Ancion

La scène aux ados ne se joue pas que sur les planches. Séduite par la proposition de création sonore, Nathalie Marinx a mené ses élèves de 5e, au Centre Scolaire Sainte-Marie La Sagesse, à Schaerbeek, sur les sentiers d’une aventure où chacun a trouvé sa voix. Tendez l’oreille!

Par Laurent Ancion

 

Des pas font crisser les herbes sèches. Au loin, quelques corbeaux malingres croassent dans la brume… Bienvenue dans la « Zone », une pièce de Thierry Simon transformée en intrigante création radiophonique par des élèves de 5e du Centre Scolaire Sainte-Marie La Sagesse, à Schaerbeek. « À cause du Covid, La scène aux ados s’est déclinée sous d’autres formes que le théâtre, dont le son. Pour nous, ça a été une opportunité géniale », explique Nathalie Marinx, prof de français de la belle escouade. « Certains élèves sont primo-arrivants et ne savent pas parler français au départ. La plupart ont une timidité qu’il est très difficile de désamorcer. Créer un spectacle ne les aurait pas motivés à 100%, mais l’idée de travailler à un enregistrement était parfaite. Le stress est moindre, on y va par paliers, en engageant l’émotion par la voix. C’était déjà toute une aventure! »

Nathalie Marinx croit dur comme fer aux bénéfices du théâtre: en une année scolaire, elle voit la métamorphose des jeunes. « En début d’année, les élèves sont incroyablement réservés. Ils ne se connaissent pas et pensent qu’on ne peut pas s’exprimer pendant un cours. J’avais envie de les voir actifs devant moi, de découvrir leur individualité! Les premiers pas sont difficiles. Voir de la matière les rassure, inventer les trouble. « Madame, c’est pas le cours de français ça! », mais je tiens bon. La pièce Zone, avec ses phrases courtes, ses personnages mystérieux, a fini par les séduire. »

Deux artistes « pros » ont encadré la progression: Layla Nabulsi, metteure en scène, et Gregor Beck, réalisateur radio. « Cette rencontre avec le monde professionnel n’a pas de prix. Quand les jeunes auraient-ils eu l’occasion de découvrir des personnalités comme les leurs? Cela amène une liberté et une exigence qui fait mouche. Et pour un prof, c’est précieux de sortir de la solitude – particulièrement pendant la période du corona. »

Et tant pis si certains de ses collègues ne comprennent pas toujours. « On va parfois travailler dans la cour, un jour un artiste a joué de la trompette, ça a fait toute une histoire… Mais les critiques ne sont pas assez fortes pour me faire arrêter. Je connais le bénéfice de tout ça. Je vois la prise de confiance des jeunes. Ceux qui se cachaient derrière leur mèche au fond de la classe font enfin entendre leur voix. Ils viennent vers moi épanouis, en disant que c’était chouette. C’est ma victoire. Et je me réjouis de recommencer! »

Auteur·ice : Laurent Ancion

Passionné d’art sous toutes ses formes et sous toutes ses coutures, Laurent Ancion a trouvé dans le champ de l’écriture journalistique l’endroit rêvé pour chercher, questionner, rencontrer, réfléchir, analyser et raconter les arts de la scène. Après quinze ans consacrés à la critique théâtrale quotidienne au journal Le Soir, il mène aujourd’hui sa recherche sur un format plus long: le livre de réflexion, dont il cherche avant tout à privilégier la forme joyeuse plutôt que l’assommoir. Laurent est également professeur aux conservatoires de Mons et de Bruxelles, et poursuit en parallèle ses aventures musicales au piano (album « Tout au bord »). Il est chargé de communication et de projets auprès d’ITHAC.

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