Zélie et La scène aux ados: un coup de foudre à longue mèche

Attention, ceci est une histoire d’amour… « et même d’un coup de foudre », rigole Zélie Pourtois, bientôt 16 ans. Entre la jeune fille et le théâtre, pourtant, la romance n’était pas gagnée d’avance. « J’étais de nature très réservée, je ne souhaitais pas débattre de certains sujets personnels. Je n’aurais jamais accepté de faire une interview par exemple! Pour moi, le théâtre, sortir de ma coquille, c’était impossible… » En 3^e secondaire, elle choisira Arts d’expression par défaut, « parce que les autres options ne m’intéressaient pas ». Zélie ne se doutait pas que, derrière la porte du local, l’attendait un art qui allait la bouleverser !

« En 3^e année », explique-t-elle, « notre professeure, Madame Menga, nous a directement lancés dans l’aventure de La scène aux ados. Nous avons travaillé la pièce Incredibile, de François Salmon. Je me souviens qu’après avoir monté différentes scènes à l’école, nous avons participé au « Work in Progress ». Le stress! Plusieurs écoles présentaient leur travail, c’était sur une vraie scène – au Palace – Central à La Louvière –, et l’auteur était présent. Pour moi, il s’est passé quelque chose d’important. C’étaient des conditions professionnelles, on se prenait pour de grands acteurs tout à coup (rires), mais surtout, on a découvert la notion de « retours constructifs », de rencontre artistique, d’enjeux dramaturgiques avec l’auteur et les autres groupes. Je me suis sentie incroyablement bien dans cet univers-là. Le coup de foudre! Le théâtre, c’est du jeu, des rencontres, des retours, une variété de points de vue sur le travail. Et c’est surtout un endroit où j’ai senti l’harmonie avec les autres et avec moi-même. »

La clé de ce coup de foudre? « Devenir quelqu’un d’autre pour avoir accès à soi-même », résume malicieusement Zélie. « C’est l’atout du personnage! Une fois qu’on a compris ça, on y va à fond. En travaillant sur les caractéristiques physiques et psychologiques d’un nouveau rôle, on se rend compte de nos propres caractéristiques et on prend du recul. Je me souviens par exemple d’avoir joué un personnage qui râlait tout le temps et qui ne donnait pas d’affection aux autres… Maintenant, quand je râle à la maison, je me dis: « Tiens, ça me rappelle quelqu’un… » et ça m’aide à me calmer! Le théâtre m’a changée dans ma vie aussi. Il m’a aidée à me décoincer, à me libérer, à ne pas rester focalisée sur l’avis des gens. Ça m’a ouverte aux autres. J’ai beaucoup moins peur de dire ce que je pense! »

D’ailleurs, les choses s’accélèrent. En parallèle avec sa 4^e secondaire, Zélie a rejoint L’Amusoir, un club de théâtre à Loverval. Son beau-père, régisseur « pro »», y donne un coup de main. « On se retrouve à travailler ensemble! », se réjouit-elle. L’été 2021, elle était au Théâtre de l’Ancre pour suivre un stage préparatoire à l’entrée au Conservatoire. Et aujourd’hui, à l’orée de sa 5^e, Zélie rêve de cinéma et change d’école… pour suivre davantage de cours de théâtre. Direction l’IATA, à Namur, où l’option théâtre propose 11 heures par semaine consacrées à la scène. « J’avais le cœur fendu de quitter Madame Menga, mais elle m’a encouragée à fond! »

« L’expérience de La scène aux ados a carrément été un accélérateur pour moi », conclut Zélie. « L’entraide qu’il y a eu entre nous m’a donné de l’espoir pour l’avenir. » Et un sacré horizon personnel!