Formations: «Avec Michael Delaunoy, c’est l’organicité du jeu qu’on explore»
Pendant cinq jours, au Marni, c’est à un plongeon dans la subtile mécanique du jeu qu’invitait le metteur en scène Michael Delaunoy. Une formation « dense et intense », de l’avis de toutes et tous, et surtout l’occasion idéale pour les enseignant·e·s, les animateur·ice·s et les artistes-intervenant·e·s d’explorer « la » question qui les taraude: comment aborder la direction d’acteurs avec un groupe d’adolescents? « Le théâtre, c’est une question d’expérience. Tu peux enseigner des choses, mais tu dois surtout les vivre de l’intérieur », estime François Wouters, l’un des intrépides plongeurs.
Par Laurent Ancion
« Jouer »: le verbe est joyeux, mais l’art peut être bien difficile, surtout devant tous les copains de la classe. Alors, comment aider les ados à approfondir leur approche du jeu? Comment leur permettre de s’approprier le mot et le geste? « Le mieux, c’est d’expérimenter les choses par soi-même! », sourit François Wouters, animateur théâtre et expression orale pour Indications. Joignant le geste à la parole, il vient de se jeter à l’eau, avec ITHAC, pour 5 jours de formation en compagnie du metteur en scène Michael Delaunoy au Marni. Une aventure « intense et qualitative », rapporte François. « Le théâtre, c’est une question d’expérience. Tu peux enseigner des choses, mais tu dois surtout les vivre de l’intérieur », estime-t-il. « Il est nécessaire de se frotter au jeu pour le traduire ensuite pour d’autres personnes. Ce type de formation est essentiel pour notre travail avec les jeunes. »
La dramaturgie, ça se creuse!
Au menu? Une idée toute simple (en apparence): on part d’un canevas d’impro, on se lance dans le jeu… puis on analyse. Pourquoi le personnage a-t-il dit cela? Quel est le contexte? Et ensuite, on reprend la scène, qui gagne en profondeur. « Ce qui intéresse Michael Delaunoy, c’est l’organicité du jeu », observe Giuseppe Lonobile, d’ITHAC. « Comment faire en sorte que l’interprète comprenne pleinement les enjeux de ce qu’il joue? En approfondissant les impros, en explorant leur dramaturgie, le groupe est allé très loin dans la discussion. À la fin, grâce à l’affinage des propositions, ça donne quasiment des mini-spectacles! ».
« Cette approche donne une densité évidente aux scènes », abonde François Wouters. « Il s’agit d’affiner l’écoute et les sensations pour donner plus de caractère à notre personnage. Michael Delaunoy nous a plongé dans un travail qualitatif qui, grâce à des dispositifs simples, permet de se mettre en situation de jeu. Son travail concerne la connaissance de l’autre et de soi, l’attention, la concentration – tout ce qu’on nomme les états de jeu. Non seulement par la parole, mais aussi par le mouvement : Michael sollicite tous les degrés de l’imaginaire. Et c’est du concret! En plus, pour chaque dispositif abordé, nous avons réfléchi collectivement à la façon dont on pouvait l’adapter à notre travail avec les jeunes, selon nos situations. »
« Une formation de 5 jours – plutôt que les habituels 2 ou 3 jours –, cela permet aussi d’aller plus en profondeur, d’avoir le temps de l’exploration », note encore François. « C’est aussi l’occasion de dialoguer avec les autres participants, d’échanger sur leur propre travail d’animation ou d’enseignement. J’ai pu me nourrir de tous mes partenaires de jeu. La rencontre s’est faite parce que la place est laissée à tous et à toutes. Au sein du groupe, il y avait aussi des plus jeunes : ça m’intéressait d’avoir leur point de vue par rapport à tel ou tel exercice. La diversité est toujours bienvenue pour repartir avec des nouvelles pistes! »
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Auteur·ice : Laurent Ancion
Passionné d’art sous toutes ses formes et sous toutes ses coutures, Laurent Ancion a trouvé dans le champ de l’écriture journalistique l’endroit rêvé pour chercher, questionner, rencontrer, réfléchir, analyser et raconter les arts de la scène. Après quinze ans consacrés à la critique théâtrale quotidienne au journal Le Soir, il mène aujourd’hui sa recherche sur un format plus long: le livre de réflexion, dont il cherche avant tout à privilégier la forme joyeuse plutôt que l’assommoir. Laurent est également professeur aux conservatoires de Mons et de Bruxelles, et poursuit en parallèle ses aventures musicales au piano (album « Tout au bord »). Il est chargé de communication et de projets auprès d’ITHAC.