Bénédicte Couka: «La scène est un lieu magique»
D’où vient l’imagination d’un·e auteur·ice? Pourquoi écrire pour la jeunesse? Est-ce que ça change quelque chose quand on sait que les comédien·ne·s seront des ados? Micro en main, Gwennaëlle est allée à la rencontre de Bénédicte Couka, l’autrice de On n’a pas de pétrole mais on a du géant, qu’elle joue avec son groupe d’Arts d’expression, à l’occasion de La scène aux ados.
Par Gwennaëlle Bolle
Je me présente, je m’appelle Gwennaëlle Bolle, en 5eA à l’Institut Saints Pierre et Paul de Florennes, en option Arts d’expression. Cette année, nous participons à La scène aux ados et nous jouons la pièce On n’a pas de pétrole mais on a du géant de l’autrice française Bénédicte Couka. Comme ITHAC a proposé de donner la parole aux jeunes et de leur confier l’écriture et la mise en place du magazine, j’ai décidé d’interviewer «notre» autrice, pour en apprendre un peu plus sur son parcours professionnel et sur son inspiration!
Gwennaëlle Bolle – J’ai appris que vous aviez été institutrice pendant une vingtaine d’années?
Bénédicte Couka – Oui, j’ai été institutrice en maternelle et en primaire pendant 22 ans. Comme j’ai également un diplôme de musicologie, je donne également des cours de piano depuis de nombreuses années.
Vous avez écrit d’abord un conte musical en 2011. C’est le début de votre exploration de l’écriture pour la jeunesse?
Oui, en tant qu’autrice. Auparavant, j’avais toujours travaillé le théâtre avec les jeunes en primaire. Je les invitais à écrire des scènes théâtrales et des contes musicaux. Puis un beau jour, je me suis dit: «Je fais écrire les enfants. Et si je tentais l’aventure moi-même?». J’ai écrit Le sable dans les yeux en 2012 et j’ai envoyé la pièce aux éditions Lansman, dans le cadre du Prix Annick Lansman. Et ma pièce a été primée! Je ne m’attendais pas du tout à ça. Ce prix m’a permis de rencontrer des personnes dans le milieu du théâtre en France et en Belgique. J’ai pu aller en résidence à Mariemont, dans le Hainaut. Et c’est là que j’ai écrit On n’a pas pétrole mais on a du géant, en 2013.
Est-ce que l’écriture théâtrale vient facilement, une fois qu’on s’y lance?
Le défi pour moi, au départ, c’était la légitimité. Quand Le sable dans les yeux a été récompensé, j’étais heureuse bien sûr, mais je ne me sentais pas légitime. Je ne connaissais pas encore le monde du théâtre et, tout à coup, tout le monde attendait de moi un autre texte ! Pendant trois ou quatre ans, je n’ai rien écrit. J’ai ressenti un grand trouble, face à l’attente des autres. Avec le temps, cela s’est dissipé et je me suis remise à écrire. Depuis 2017, j’écris à nouveau et suis éditée régulièrement à l’École des Loisirs. Mais l’écriture théâtrale n’est pas ma seule activité professionnelle. Je donne aussi des cours de piano!
Qu’appréciez-vous particulièrement dans l’écriture théâtrale?
Ce que j’aime dans cette écriture, c’est le lieu magique qu’est la scène. On peut y faire dire plein de choses, en ménageant des espaces pour l’imagination des interprètes et du public. On peut jouer sur les espaces, on peut jouer sur le temps. Je trouve assez impressionnant que sur un si petit espace on puisse donner à entendre et avoir autant de choses. De plus, j’adore tout ce qui est dialogue. C’est mon mode d’écriture principal. C’est toujours sous forme de dialogue que mes idées se structurent.
Pour nous aussi, la scène a quelque chose de magique, où l’on peut faire naître beaucoup avec pas grand-chose! C’est ce que nous vivons avec La scène aux ados et votre texte. Vous avez écrit de nombreuses pièces toutes différentes les unes des autres. Où trouvez-vous toute votre inspiration ?
L’inspiration, c’est quelque chose de très particulier. Il faut d’abord se mettre à la tâche, ça ne vient pas forcément du premier coup. La première étape, pour moi, est donc de me dire: «Je vais écrire quelque chose.» Et peu à peu, des images me viennent à l’esprit. Par exemple, dans On n’a pas de pétrole mais on a du géant, j’ai vu le géant, je l’ai imaginé, j’ai vu sa cage et je suis partie de cette idée-là. Je pars toujours d’une image visuelle et puis je fais parler les personnages. Mon inspiration vient du fait que je les entends parler. Sans doute le monde sonore est-il important pour moi parce que je fais de la musique. Je lis toujours à voix haute ce que j’écris, pour voir si ça sonne bien!
De qui tenez-vous votre passion pour l’art?
Depuis ma petite enfance, je me suis toujours cherchée à travers la création. Par exemple, à 6 ans, j’ai réclamé un piano, je voulais absolument prendre des cours! Ma mère raconte aussi que, toute petite, j’écrivais des petites pièces de théâtre. Je m’amusais à les jouer devant ma famille. Elle dit qu’ils étaient contents de m’entendre. Il y avait une participation familiale à ce que je faisais. Ensuite, à l’adolescence, la musique a pris beaucoup plus de place. Le théâtre est revenu plus tard, avec l’enseignement.
On n’a pas de pétrole mais on a du géant est votre première et unique pièce (à ce jour) écrite pour être jouée par des jeunes. Comment avez-vous vécu cette expérience propre à La scène aux ados?
Tout est lié au Prix Annick Lansman, que j’ai donc reçu en 2012 pour Le sable dans les yeux. Avant ma résidence d’écriture à Mariemont, j’ai lu la collection de La scène aux ados: j’ai été enthousiasmée par toutes ces pièces écrites pour être jouées par des jeunes – et pour des jeunes. J’avais très envie de m’essayer à cela! C’est ainsi qu’est né On n’a pas de pétrole mais on a du géant. Pour cette pièce-là, j’ai pu assister à des ateliers où des fragments de pièces étaient testés par les jeunes. Ces «Works in Progress» sont extrêmement intéressants pour les auteurs! On peut directement voir comment le texte parle à la jeunesse.
J’ai une dernière question peut-être un peu spéciale! Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’écriture de pièces de théâtre mais sans savoir comment s’y prendre ?
Je conseillerais de lire le plus possible du théâtre, de sorte à voir pour quel public on a envie d’écrire. À partir de là, je recommanderais de lire des pièces qui ont déjà été écrites vers ces publics-là pour sentir vers quel type d’écriture se tourner. Et si vraiment on est un peu perdu, je pense qu’on peut écrire avec l’aide de comédiens. Faire de l’écriture de plateau, ça peut aider. On peut commencer par écrire quelques fragments de textes. On essaie ensuite de les faire jouer par des comédiens et on voit si ça fonctionne. De toute façon, il faut se lancer. Et surtout il faut avoir envie. L’envie est la clé de tout, elle éclaire souvent le chemin!
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