«Ceci n’est pas une formation» (mais en fait si, bien sûr!)
Éteignez votre intellect, allumez votre intuition… et sortez vos crayons! En dessin et en mots (et leur savant mélange), offrez-vous une formation sur les chemins de traverse. Le metteur en scène et plasticien Giuseppe Lonobile vous emmène sur les traces de Marianne Van Hirtum, trésor caché du surréalisme, à l’occasion d’une exposition au Delta, à Namur.
Par Laurent Ancion
Avec André Breton, le surréalisme français avait son «pape». Mais saviez-vous qu’à ses côtés, une artiste namuroise a donné au mouvement une sensibilité et une vibration rarement atteintes, loin des lauriers de la gloire? Marianne Van Hirtum (1925-1988) avait le surréalisme chevillé au corps et l’a vécu intensément, sous toutes les formes possibles: poésie, peinture, dessin, sculpture, fabrication de marionnettes… Le Delta, à Namur, propose l’une des premières expositions rétrospectives consacrée à l’artiste belge, qui permet de mesurer la puissance expressive d’une âme sœur qui vous touchera au cœur.
Et si vous lui emboîtiez le pas, le temps d’une formation? Inspiré par l’œuvre de Marianne Van Hirtum, le metteur en scène et plasticien Giuseppe Lonobile vous invite à explorer des territoires inconnus, avec l’intuition pour guide, au Delta. Sous le titre «Ceci n’est pas une formation: exploration surréaliste mêlant arts plastiques et écritures créatives», il propose aux curieux·ses de tout horizon de lâcher la boussole pour repousser les limites de l’imaginaire. «Le but n’est pas de faire du surréalisme pour se réclamer d’un mouvement, mais d’emprunter des procédés qui font sauter des verrous », explique-t-il. « L’idée est de passer un bon moment de création, de la façon la plus ludique possible!»
Née dans une peau d’ours
Portée par une vie libertaire et un imaginaire aux racines universelles, l’œuvre de Marianne Van Hirtum semble nous appeler à la suivre, de façon irrésistible. «Le surréalisme est une grande peau d’ours: je suis née dedans. Dès avant ma naissance, il devait être inclus dans mes vertèbres, dans mes cellules», écrit-elle dans La vie fulgurante (1) – et l’exposition du Delta y trouve son titre. L’artiste refuse les préceptes trop cérébraux. Elle préfère l’action et l’intuition. «Pour Marianne Van Hirtum, le surréalisme est un mode de vie», résume Marie-Aude Rosman, médiatrice en arts plastiques au Delta. Le fil rouge de l’artiste? «L’automatisme». Pas celui des caisses enregistreuses bien sûr, mais cet élan créatif qui pousse à tracer et à écrire avant l’intervention du conscient. «L’automatisme», écrit encore Marianne Van Hirtum, «serait en quelque sorte une façon totalement aveugle de s’en référer à l’inspiration et aux sources de l’inconscient en lui laissant – expression si jolie – carte blanche». Et c’est bien à cette «carte blanche» que vous invite Giuseppe Lonobile!
Dans cette logique, aucun prérequis n’est nécessaire pour suivre sa formation. «Il suffit d’être curieux et d’avoir envie d’explorer des territoires inconnus sans se prendre la tête», sourit Giuseppe. «Pour lancer l’écriture ou le trait, nous partirons de nos sensations, de nos souvenirs, d’un objet qui nous parle. Travailler sur l’automatisme au sens surréaliste, c’est contourner le fameux problème de la page blanche. Parfois, on souhaite parler de quelque chose et on est bloqué sur la forme. Il s’agit ici de débloquer des chemins insoupçonnés et de voir naître des formes qu’on n’aurait pas sciemment mises en place. Le but est de se découvrir, de se rassurer sur la force de nos imaginaires: on peut créer du sens en ne l’abordant pas frontalement. Ce que nous avons à dire ressurgira de toute façon!»
Les mots comme matière
Pour Giuseppe Lonobile – et certainement pour Marianne Van Hirtum –, les mots et les arts plastiques ne sont pas si éloignés qu’il y paraît. «On peut aborder l’écriture comme du son et du rythme. Écrire une pièce de théâtre, c’est sculpter un espace. Écrire un roman, c’est sculpter des rythmes qui font naître une émotion», estime Giuseppe.
«Je dis, moi, que la poésie se mange», écrivait le poète belge Norge. Pour Marianne Van Hirtum, la poésie se vit. «Ma vie, qu’est-elle?», s’interroge-t-elle dans La vie fulgurante. «Je n’en sais rien, mais sans doute est-elle semblable aux cris de la chouette, à la croissance du palmier sauvage, à la pluie qui tombe les soirs d’été, au vent, à la neige, quelquefois – oui, aussi, de terribles fois – aux typhons, aux maelströms, aux éruptions des volcans.»
L’art épouse les secousses du monde, comme l’humanité. Vous avez sûrement bien des choses à raconter – ou alors vous laisserez votre inconscient s’exprimer en panaches!
La formation se donnera du 16 au 17 novembre 2024 (de 10 à 17h) au Delta, à Namur: on s’inscrit par ici!
L’exposition « Le surréalisme est une grande peau d’ours, Marianne Van Hirtum, l’œuvre plastique » est présentée au Delta, à Namur, jusqu’au 26 janvier 2025. Toutes les infos sont ici!
(1) Extrait du texte «Le surréalisme est une grande peau d’ours…» dans l’ouvrage La vie fulgurante (éditions L’arbre de Diane, 2021)
Auteur·ice : Laurent Ancion
Passionné d’art sous toutes ses formes et sous toutes ses coutures, Laurent Ancion a trouvé dans le champ de l’écriture journalistique l’endroit rêvé pour chercher, questionner, rencontrer, réfléchir, analyser et raconter les arts de la scène. Après quinze ans consacrés à la critique théâtrale quotidienne au journal Le Soir, il mène aujourd’hui sa recherche sur un format plus long: le livre de réflexion, dont il cherche avant tout à privilégier la forme joyeuse plutôt que l’assommoir. Laurent est également professeur aux conservatoires de Mons et de Bruxelles, et poursuit en parallèle ses aventures musicales au piano (album « Tout au bord »). Il est chargé de communication et de projets auprès d’ITHAC.
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